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1 septembre 2025

consumérisme mondialisé

j'en veux plus pour moins cher

                  oOO

Voilà, une nouvelle sculpture « engagée » : elle découle comme chaque fois de la superposition de constats que je fais sur les dérives de notre société. Cette fois je veux dénoncer le consumérisme poussé à l’extrême et sa logique mortifère pour économie et industrie françaises. Deux gestes courants d’abord (parmi bien d’autres) pour illustrer mon propos : renouveler régulièrement son smartphone pour répondre aux sirènes des Gafam qui nous vantent le « plus » du dernier modèle et l’apport soi-disant indispensable des 3G, 4G, 5G ; acheter des vêtements à des prix quasi nuls (publicité vue à la rentrée scolaire 2025 : « le haut et le bas pour 4 euros seulement » !). Nous sommes « accro » à une consommation excessive, et nous voulons des prix toujours plus bas, sans penser le moins du monde au travail et aux efforts qu’il faut déployer pour fabriquer ces objets. Gavés de publicité où le mammouth écrase les prix, nous nous habituons à ces prix bas au point de tout trouver toujours trop cher, avec son paroxysme : trouver normal et naturel quand votre ville vous propose de circuler gratuitement dans ses transports en commun : un vrai non-sens économique !

Après la société de production des décennies d’après-guerre et son capitalisme d’industrie qui avait permis à la France de devenir la 5è puissance économique mondiale, notre pays est vite entré dans une société de consommation portée par un capitalisme purement financier. Au 21è siècle, la consommation devient une véritable culture qui nous pousse à rechercher le bonheur et l’épanouissement dans l’achat irréfléchi, compulsif, le moins cher possible. Les comparateurs de prix se multiplient et nous poussent à acheter ce « moins cher », très souvent ailleurs qu’en France.

Résultat : des délocalisations massives de production, des fermetures d’usine en pagaille, des fabrications lointaines, par une main d’œuvre corvéable à merci pour des salaires de misère et des conditions de travail épouvantables que nous refusons de voir,  … sans parler des défilés ininterrompus des porte-containers dans nos ports qui viennent déverser sur notre territoire leurs tombereaux de produits importés.

On ne fabrique plus le produit, on se contente de l’importer et le distribuer. Des pans entiers de notre tissu industriel ont déjà disparu : le textile, la fonte, l’acier, la chimie, les médicaments, … ponctués ici et là de combats syndicaux d’arrière-garde perdus d’avance, dont la presse s’empare un temps : Usinor, Alsthom, Goodyear… Le tout se passe dans un contexte européen ultra libéral où il ne faut surtout pas dresser de barrières douanières aux entrées de produits pas chers. Dans le public, je constate une indifférence générale ou au mieux un sentiment d’impuissance. Quant à nos gouvernants, ils laissent faire ou font juste le minimum, en faisant semblant de défendre l’emploi (voir F. Hollande en 2013 à Florange ou N. Sarkosy en 2009 à Gandrange par exemple !). D’ailleurs, pendant toute la fin du 20é siècle ils nous ont fait croire que dans une entreprise seul le secteur de la Recherche était important et que le reste, dont la Production, pouvait être délocalisé. Le pire c’est que non seulement l’emploi industriel disparait en France, mais avec lui disparaissent aussi notre savoir-faire et nos compétences. (le macronisme se targue d’avoir fait revenir l’emploi, mais quel emploi ! : des « contrats zéro heure » comme sous Thatcher en Angleterre ou bien des emplois précaires, partiels, aux horaires décalés dans le secteur des services et du commerce bien souvent en ligne dorénavant).

Et finalement, à qui profite tout cela : qui profite de ces prix toujours plus bas, de cette concurrence exacerbée, de ces rayons de supermarché qui débordent ? Vous croyez en être le bénéficiaire : faux, archi faux (on vous le fait croire cependant !). En fait, le Capital, caché derrière cette distribution massive, retire la majorité des fruits de cette culture de consommation qu’il vous a inculquée à force de marketing et d’incessantes suggestions de nouveaux besoins inutiles et stériles : les actionnaires détendeurs de ce Capital veulent une croissance permanente des ventes pour satisfaire leur cupidité et la croissance incessante de leur profit. Je terminerai ce paragraphe, amer et pessimiste, en vous rappelant deux phrases visionnaires de notre chanteur Alain Souchon qui nous disait déjà dans les années 1990 : « on nous fait croire que le bonheur c’est d’avoir … ! » et continuait par « on nous inflige des désirs qui nous affligent ! ». J’adhère totalement à son propos, mais je crois qu’il n’avait pas vu alors se profiler la désindustrialisation : conséquence inéluctable de cette hyperconsommation associée à la mondialisation sans frontière des produits….

Alors, c’est avec mes gouges une fois de plus que je crie cette amertume qui me tenaille. Notre pays dérive sur cette consommation forcenée de produits éphémères à la durée de vie toujours plus courte, américains ou asiatiques…

 

Ma sculpture représente une usine fracassée par un Hedge-Fund qui la délocalise. Les ouvriers effrayés s’enfuient et meurent économiquement … mais bienheureux, s’habillent en Chine et ont leur portable (voire deux !) dans la main …

 

posté le 1er Septembre 2025

Commentaires
N
J'adhère à tes propos, en revanche à quand de nouvelles sculptures sur le thème espérance, émerveillement.... qui nous feraient beaucoup de bien ? Merci à toi :)
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A
Bonjour Jean-Claude,<br /> Merci pour ce beau cadeau le jour de mon anniversaire 😉<br /> Je partage tout à fait ton commentaire et ce qu'exprime ta sculpture, je l'ai vécu...<br /> Alain
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